Nicolas Sarkozy à Strasbourg
Les régionales approchent tout doucement et la tension monte. J'ai assisté en direct à un évènement qui me fait penser combien l'approche systémique des questions sociales, économiques, politiques etc. est bien loin de faire partie de notre culture et de nos méthodes de résolution de problèmes.
Cet évènement, c'est la rencontre de Nicolas Sarkozy et des militants UMP à Strasbourg.
Selon le principe de la loi d'attraction de l'approche systémique : c'est notre façon de penser et de ressentir qui crée et détermine notre avenir et c'est nous qui enclenchons les terribles rétroactions que nous connaissons déjà aujourd'hui et qui ne sont que des prémices.
Un parti politique n'échappe pas aux lois de la Systémique. Son comportement avec les citoyens et les militants lui sera retourné au centuple selon un autre principe qui est la conséquence du premier, celui de la rétroaction et de la circularité. Les militants sont des leaders d'opinion, leur façon de penser et de ressentir induit la façon de penser et de ressentir de milliers d'autres. Avec Internet leur influence s'accroît considérablement. Il serait donc suicidaire pour un parti politique de se comporter comme l'ont fait les organisateurs à Strasbourg à l'occasion de la visite du Président. Et pourtant : suivez le fil !
Mon cher Jean Philippe,
(J.P. Maurer Député du Bas Rhin)
Strasbourg le 9 décembre 09
Nous sommes venus nombreux hier à Lingolsheim pour rencontrer Nicolas Sarkozy, échanger et débattre entre nous et avec vous les élus.
Vous nous aviez fixé une heure approximative : 11h 30 et, comme tu le penses bien, certains venaient de loin et avaient pris une journée de congé pour marquer l'évènement, alors ils sont venus bien plus tôt, à partir de 10 h 3O comme vous l'indiquiez dans "l'invitation".
Pour les plus âgés d'entre nous, la déception a commencé à notre arrivée. Impossible de se garer à moins d'un kilomètre du lieu d'accueil. René, 85 ans, a failli retourner sur ses pas. Mais nous n'étions pas au bout de nos surprises. Un accueil "glacial" et pour tout dire "déshumanisé", un hall tout aussi glacial, quelques rares sièges déjà occupés, un triste "buffet", de la bière glacée, du jus d'orange "chimique" et des bretzels ramollis. Même pas de café pour se réchauffer un peu.
Quelle fut notre stupeur de constater que du plafond, au travers d'un rayon de soleil traversant les vitres sales, tombait de la poussière d'amiante. Une amie âgée s'est enfuie aussitôt avec son époux, affirmant que son asthme ne pourrait le supporter. Un autre, faisant en cela preuve d'humour, affirmait que c'était une tentative d'assassinat des militants par la "gauche extrême".
Et la longue attente a commencé, et lorsque enfin vers 14 h le Président est arrivé. Une bonne moitié d'entre nous avait disparu.
L'intervention du Président, brève, audacieuse et mobilisatrice n'est pas parvenue à effacer notre déception, notre indignation et notre colère devant le mépris si ouvertement affiché des militants par des organisateurs auxquels nous décernons un "carton rouge" comme dirait René et un grand nombre d'entre nous que vous ne reprendrez plus à se déplacer dans ces conditions.
A l'heure où le militantisme s'épuise, où chacun, inquiet de l'avenir, se replie sur lui-même, ou les politiques sont soupçonnés, non sans raison parfois, de tares multiples, où les discours verbeux et vertueux ne font plus illusion, cette journée est une catastrophe pour notre mouvement en Alsace. On aurait voulu saboter l'intervention du Président qu'on n'aurait pu mieux faire et, ma foi, il a eu raison de s'exprimer à ce sujet sur certains de ses "amis" parfois pires que ses ennemis.
Persistez dans cette manière de vous conduire envers les militants et pour les prochaines élections, vous risquez de payer chèrement votre aveuglement. Les leçons des dernières municipales n'ont, semble t-il, servie à rien.
Je me permettrais de te rappeler cette citation de Jean de la Bruyère : "A quelques uns l'arrogance tient lieu de grandeur, l'inhumanité de fermeté et la fourberie d'esprit... on ne trompe pas en bien; la fourberie ajoute la malice au mensonge "
La réaction des ténors UMP locaux est consternante et montre bien cette volonté d'abandon de nos valeurs et traditions !
Te connaissant, je sais que tu ne mérites pas ces critiques, bien au contraire. Nous espérons tous que tu sauras convaincre certains de tes "amis" de modifier des attitudes et des comportements dignes des politiciens du XIXe siècle. Qu'ils s'inspirent un peu des leçons que leur donne le Président, et cessent de tirer à balles réelles sur les militants, comme l'ont fait « certain » et « certaine » et dont ils payent encore les conséquences.
Il devient urgent de recréer du lien social, à commencer entre militants et élus, afin qu'il reprenne, de ce fait, une place concrète dans l'action politique.
Votre « Communication » devrait s'inspirer de celle que pratique le Président, à la fois managériale (ou organisatrice), pédagogique (et en la matière vous avez beaucoup à apprendre) et enfin thérapeutique (car la politique doit avoir aujourd'hui comme finalité d'apaiser les conflits et de rassembler les meilleurs autour d'un projet, quel que soit leurs opinions premières).
Vous avez la matière et les moyens, qu'attendez-vous ? Un nouveau désastre pour la droite en Alsace ?
Amitiés
Francis NERI
Nicolas Sarkozy à Strasbourg II
Strasbourg le 09 Décembre 2009
Cher Francis,
Je découvre à l'instant ton message. Sache que je comprends parfaitement ton agacement.
Toutefois, je tenais à t'apporter quelques réponses à tes interrogations.
Tout d'abord, le gymnase a été choisi par les conseillers du président de la république. Nous leur avions proposé le PMC, d'autres salles disposants de places assises, plus confortables et plus modernes mais eux ont malheureusement préféré ce gymnase que nous avons découvert pour l'occasion...
Nous voulions améliorer l'accueil en installant des chaises dans la salle, mais là encore, notre volonté s'est heurtée à un refus catégoriques des mêmes conseillers.
Pour la question de l'horaire figurant sur les cartons, je ne te cache pas qu'il nous a lui aussi été imposé, toujours par les mêmes personnes.
Malgré cela nous avons pris sur nous pour arracher, et je pèse mes mots, la possibilité de pouvoir disposer de 50 chaises afin de pouvoir y installer nos aînés que je ne voyais vraiment pas tenir debout.
C'est contre l'avis de la sécurité que nous avons organisé un pot qu'il nous était interdit de servir avant la discours présidentiel. Là encore nous sommes passés outre.
Tu es un militant associatif et je sais que tu comprendras que pour servir ce pot, des militants, bénévoles, (Pour info, tout le monde est bénévole à l'UMP 67 puisque nous n'avons aucun salarié) ont pris une journée de congé. Ils étaient présents sur site dès 6H pour préparer la salle, décharger les camionnettes, et ensuite servir nos militants. Certes, il n'y avait pas de café, mais comme tu l'as remarqué il s'agissait d'un gymnase vieillissant disposant d'un point d'eau minuscule et ne disposant pas de cuisines. Ce fut déjà bien compliqué d'installer des tireuses je n'ose imaginer ce que cela aurait été pour un percolateur...
Bretzel et Kouglofs, provenaient de boulangers professionnels de Lingolsheim achetés au prix du marché, comme le pot d'ailleurs. Le militant associatif que tu es, sait combien cela peut coûter. Même si nous sommes l'UMP, nous n'avons pas beaucoup de moyens. Nous avons donc préféré « améliorer », nous-mêmes avec nos militants, cette matinée plutôt que d'avoir recours à un traiteur onéreux.
Pour accueillir ce public, pour préparer la salle, pour la ranger ce sont près de 100 bénévoles qui ont œuvré pour cette journée et certains n'ont même pas eu l'occasion d'écouter Nicolas Sarkozy car ils devaient rester à l'extérieur.
S'agissant de l'horaire d'intervention du président (13H30), ces bénévoles ne sont pas responsables du retard pris dans la visite.
Quant aux questions de mépris, franchement, nous ne demandions pas mieux que de pouvoir accueillir le président de la République dans une salle chauffée, avec de places assises, des toilettes et surtout à l'heure.
Je te parle même pas de notre frustration d'avoir dû faire patienter toutes ces personnes à l'extérieur parce que la police n'avait pas encore procédé au déminage de la salle (inspection si tu préfères) alors qu'il pleuvait et qu'ils attendaient dans le froid. J'ai toutefois pris sur moi pour faire rentrer nos militants en béquilles, en fauteuil roulant etc... au prix d'un mémorable accrochage avec un commissaire.
Le format de cette rencontre nous a été imposé et nous avons malheureusement dû faire avec. Je ne te parle même des accrochages que nous avons eu avec le staff parisien parce que nous refusions de respecter intégralement leurs consignes...
Sache surtout que les élus du département ont également subi comme nous cette situation qu'ils auraient comme nous voulue nettement meilleure.
J'espère avoir répondu à tes interrogations même si, comme pour toi, cette situation ne m'a pas été très agréable et j'en suis le premier désolé.
Bien à toi
Geoffroy Lebold
Nicolas Sarkozy à Strasbourg III
Le 10 décembre 09
La réponse de Geoffroy Lebold à ma dernière chronique explique pas mal de chose, et en particulier qu'il est bon parfois "d'exploser" un peu, c'est à dire d'essayer de conjuguer la connaissance, la raison et l'émotion si l'on veut espérer découvrir la "réalité" Oui je sais elle est aussi insaisissable que la "vérité", mais vous êtes tous d'excellents "systémiciens" et croyez moi cette chronique remue, elle "globalise" ! Je voudrais encore préciser que je m'adresse à Jean Philippe Maurer député du Bas Rhin et que c'est un ami véritable (n'est ce pas Manfred ?)
Pour autant, rien n'est résolu et il me semble que la communication politique du Président et plus généralement de l'UMP est pour le moins à revoir dans ses relations avec les militants et, au delà avec les citoyens. A moins que l'on considère que la mutualisation et la subsidiarité soient improbables, voire impossibles, c'est à dire qu'il serait utopique de déléguer des taches "bien pensées" d'organisation, de communication et de gestion au niveau où elles doivent être réalisées.
Ce qui expliquerait le fonctionnement contestable de certaines organisations décentralisées et ....les autres !
Il est incroyable d'imaginer qu'un président assisté par des conseillers prestigieux, comme par exemple Henri Guaino, commette une erreur de communication aussi considérable. C'est au niveau de l'exécution qu'il faut à mon avis regarder. Ce qui est tout aussi inquiétant, car si l'on ne peut s'appuyer sur ceux-la même que l'on a choisi pour la tache, que faut-il faire ?
Les régionales approchent et nous allons bien nous amuser ! Alors ci-dessous un peu d'humour de la part de Manfred !
Francis NERI
Nicolas Sarkozy à Strasbourg (IV)
Le 11 décembre 09
Pour ceux qui veulent recevoir le président Sarkozy. Pour les militants en chaise roulante, pas de problème puisqu'ils ont leur chaise avec eux.
Mais pour les autres, prévoir des chaises dans la cour ou sur le trottoir. Inviter aussi des vendeurs de pizza en camionnette et ne pas oublier les toilettes chimiques, le tout hors de la salle où sera reçu le président. Lorsque la salle aura été déminée (c'est à dire lorsqu'on aura enlevé les mines qui n'avaient pas été installées), il n'y aura plus qu'un danger qui puisse menacer le président : un drone piloté par un militaire américain installé dans un fauteuil au Texas, avec lequel les Américains chassent les talibans au Pakistan (3e lieu de guerre qu' Obama, prix Nobel de la paix, est en train d'installer en plus de ceux que Bush lui avait laissés). Mais comme les Américains ont installé le président de la France indépendante, et qu'il exécute parfaitement leurs instructions, le président peut-être assez tranquille (sauf contre les cons comme il y en a dans toutes les armées et dans toutes les administrations au monde).
ms